Village pittoresque visité tout au long de l’année par de nombreux touristes français et étrangers, Carros fait partie, avec Gattières et Le Broc, des trois "villages perchés" qui dominent la vallée du Var, sur un site qui est le dernier point de vue donnant à la fois sur la mer et la montagne.
En effet, à Carros, de l’Antiquité tardive aux environs des XIe – XIIe siècles, on ne peut localiser un habitat dans un espace précis malgré la présence de l’église Notre Dame de Cola. Nous pouvons cependant attester une présence humaine dès la seconde moitié du XIIe siècle (première évocation du village en 1156). Entre le XIIe et le XIVe siècle, le village se développera principalement autour du château. Des changements notables ont également vus le jour durant la période moderne que ce soit dans l’architecture du château, avec l’ajout des tours cylindriques, le transfert de l’église paroissiale dans le village ou la construction d’une chapelle des pénitents.
Aujourd’hui, bien qu’ayant subi des évolutions au fil des siècles, le village a su garder son aspect médiéval d’antan qui lui donne tant de charme et qui fait de lui l’un des plus beaux villages du département.
Patrimoine architectural
Château (XIIe siècle) – Carros village
Au sommet du village, dominant la vallée du var, le château de Carros s'élève sur un site qui offre une vue qui va de la mer aux montagnes. Élevé durant le Moyen-Âge, les premiers témoignages écrits attestent sa présence dès le début du XIIe siècle. Son premier occupant est le seigneur Rostaing de Carros. Bien qu'il ait subi des destructions successives, dont de nombreuses au XVIIe siècle, il a tout de même gardé sa stature médiévale, et entre autres choses, on peut admirer sur sa façade est, l'alignement des corbeaux, ou encore, ses contreforts. Le bâtiment a échappé aux destructions de la période révolutionnaire et, après que les seigneurs aient pris la fuite, il sera divisé et vendu à 9 propriétaires différents. Encore entretenu au XIXe siècle, le début du XXe verra sa dégradation. Mais aujourd'hui en grande partie acquis par la commune, il a été rénové et cette grande structure médiévale abrite maintenant un Centre international d'art contemporain depuis 1998.
Chapelle des Pénitents blancs (1752-1755) - Carros village
Ce bâtiment, aujourd’hui privé construit au XVIIIe siècle, est l’ancienne chapelle des Pénitents Blancs. Les confréries de Pénitents blancs sont des associations laïques qui pratiquent la piété et le secours mutuel en soignant les malades, accueillant les pèlerins et les voyageurs, et en animant des processions et des pèlerinages. Ces confréries apparaissent au XIVe siècle en Italie et se diffusent ensuite dans le comté de Nice et en Provence à partir du XVe siècle et c’est au XVIIe qu’elles vont véritablement se multiplier dans les villes (7 à Nice, 15 Marseille). Puis, elles disparaissent globalement dans le midi mais certaines sont encore en activité aujourd’hui (Catalogne, Corse, Aix, Avignon, Nice, Montpellier). La chapelle a été abandonnée après la révolution et est donc devenue une maison de village. Une partie de son mobilier a été transféré à l’église Saint-Claude (autel de Saint-Claude et le buste reliquaire). Dans l’angle sud-est du bâtiment se trouve en réemploi à l’envers, une inscription épigraphique d’époque romaine classée au titre des monuments historiques.
Ancien moulin à vent Briquet (XIXe siècle) – Carros Village
Le nom communément attribué à l'édifice, à savoir "moulin Briquet", provient du nom de son constructeur, Pierre Briquet qui vivait au milieu du XIXe siècle. En ruines ou restaurés, la région connaît surtout des moulins à eau et ce moulin à vent, est une exception rare. Construit donc au milieu du XIXe siècle sur un site venté véritable belvédère au-dessus de la vallée du Var, son but était d'éviter à la population carrossoise d'avoir à porter son grain à moudre jusqu'aux autres communes. Une preuve explicite que le moulin à vent ait bien fonctionné fait toujours défaut, mais les maintes mentions historiques d'un " moulin à vent ", qualifié même de " terminé " sur un document cadastral de 1856, conservé aux archives communales, forment un ensemble d'éléments convergents qui amènent à penser que le bâtiment aurait bien été en état de fonctionner. Si aujourd'hui il n'a plus ses ailes, le bâtiment reste toutefois dans un état remarquable.
Représentation figurée du moulin conservée aux archives communales, datée de 1857, établie vraisemblablement par M.BRIQUET en complément de sa demande d’acquisition du terrain communal pour la construction de son moulin.
Lavoir du village et le lavoir de la Foux (XIXe siècle) - Carros village
Le lavoir est un bassin public pour laver le linge. Son apparition date du XIXe siècle. Elle résulte d’une prise de conscience collective de l’importance de la salubrité publique et des principes élémentaires d’hygiène.
Sous Napoléon III, la loi du 3 février 1851 vote un crédit spécial pour subventionner à hauteur de 30% la construction des lavoirs.
Lieu d’échange et de rassemblement, il était exclusivement féminin. Les femmes se retrouvaient une fois par semaine ou plus, et échangeaient toutes les dernières nouvelles du village et des alentours. Leur utilisation a été progressivement abandonnée au XXe siècle.
Patrimoine architectural religieux
Chapelle Notre Dame des Selves (Antiquité-XIe-XIIIe-XVIe siècles) – Les Plans de Carros
Petit lieu de culte se trouvant dans l'actuel quartier des Plans de Carros dont le nom « Selves » provient de De Silvae signifiant forêt, car les 2 rives du Var étaient autrefois couvertes de forêts.
Selon les dernières investigations archéologiques, ce site est d'abord occupé durant l'antiquité romaine. De même, une occupation médiévale est attestée. C’est aux alentours de l'an 1000 que la première église est construite. Ce premier édifice sera reconstruit vers 1100 suite à sa dégradation. Puis aux environs de 1500, une ultime construction va intervenir. L’édifice sera définitivement transformé et perdra ses derniers éléments médiévaux entre 1650 et 1705 sûrement suite au tremblement de terre de 1676. Ainsi, avec sa première élévation datée du Xème ou XIème siècle, cette construction représente peut-être un des plus anciens centres religieux des Alpes-Maritimes, témoignage du premier réseau paroissial de la région.
Clocher-tour. Vestige de Notre Dame de Cola (Époques antique-médiévale-moderne) - Carros village
L'édifice appelé aujourd'hui "clocher tour", selon les derniers travaux, est la survivance de l'église Notre Dame de Cola que l'on connaît dans les textes dès le XVIe siècle et qui a été détruite vers le milieu du XVIIIe siècle. Cette église a été édifiée sur un bâtiment original élevé certainement entre la seconde moitié du XIe et le début du XIIe siècle. Le " clocher tour " date de cette période. L'église sera le siège de la paroisse de Carros jusqu'en 1673, date à laquelle la fonction est transférée au château. Dans l'angle Nord-Ouest de l'édifice, on peut noter la présence d'une pierre romaine où figure une inscription, réutilisée à l'envers.
Le Prieuré (Fin XVe/début XVIe siècle) – Carros village
De 1579 jusqu’au début du XXe siècle, il s’agissait du presbytère où vivait le prêtre de la paroisse. En 1579, il y a mention de la maison claustrale dans la liste des biens appartenant au prieuré de Carros. Ensuite, le bâtiment a servi d’école au village, mentionnée au XVIIIe siècle. Les prieurs de la paroisse sont J.B Cépède (1626-1649), Jean Laugier (1649-1658), Jean Cavalier (1658) et Jacques Trastour (1670-1674).
Les remplois antiques trouvés à l’intérieur du prieuré, ajoutés à ceux trouvés lors de la fouille de Notre-Dame de Cola, et au monument cinéraire à double compartiment, réutilisé comme base de calvaire, semblent indiquer la présence d’un important site gallo-romain, dont une des utilisations a sans doute été une nécropole.
Église Saint Claude (XIIe / XVIIe/ XIXe siècle) - Carros village
1664, construction par agrandissement de la chapelle du château datant du XIIe siècle. Agrandissement en 1857.
Le premier document mentionnant la présence d’une église prés du château date de 1664. La demande du transfert de la paroisse Notre Dame de Cola a été faite à plusieurs reprises, notamment en 1613, avec pour motif une distance trop importante entre l’église et le village pour les paroissiens. Ce transfert n’a été accordé à la nouvelle église qu’en 1673 par l’évêque THOMASSIN. Ces demandes faites par les seigneurs de Blacas manifestent leur souhait de réaffirmer leur pouvoir d’une manière symbolique en plaçant la nouvelle église contre le château. L’église a été rénovée pour la dernière fois en 2008.
Trésors de l’église
On entend traditionnellement par « trésor » d’une église, l’ensemble d’objets destinés au culte conservé par la paroisse. Il s’agit de reliques, de calices, d’ostensoirs, de ciboires… Ces objets intéressants d’un niveau artistique et en tant que témoignages de la vie religieuse passée, ne sont pas souvent accessibles au regard du grand public. Ils ne sont visibles souvent qu’à l’occasion de cérémonies religieuses. Ainsi, à Carros, on peut apercevoir lors de processions le buste reliquaire de Sainte Colombe ou encore le calice dit « de Godeau » durant certaines messes. Une réflexion est aujourd’hui menée pour que les nombreux objets qui constituent le « trésor » de l’église de Carros soient un jour visibles.
Le buste reliquaire et l’autel de Saint-Claude
Ouvrage en bois sculpté doré et peint, représentant l’évêque St Claude qui tenait initialement une crosse dans sa main gauche, crosse aujourd’hui disparue. La première trace sûre de ce reliquaire remonte à 1771, date à laquelle l’Evêque Jean Cairol de Madaillan en visite à Carros évoque sa présence à l’intérieur de la chapelle des Pénitents blancs. Le prénom Claude étant très fréquent chez la famille Blacas, seigneur de Carros, cela expliquerait le choix de ce saint par le seigneur d’alors, Claude Blacas qui en 1755 aurait offert ce buste reliquaire à la confrérie. L’autel en bois sculpté, n’était à priori pas destiné initialement à accueillir le buste. Il faisait simplement partie du mobilier de la Chapelle des Pénitents Blancs, et aurait ainsi été déménagé dans l’église après la Révolution. C’est à ce moment qu’il aurait servi à recevoir le buste.
La croix reliquaire de St Jean Baptiste
Ce reliquaire est en bois sculpté, avec une poignée de fer à l’arrière pour la présenter. La partie haute est constituée d’une croix de Malte contournée de fleurs de lys et couronne fermée. La présence de la croix de Malte s’explique en partie par la grande implication de la famille de Blacas au sein de cet ordre. Deux des trois faces de la console qui forment sa base comportent un médaillon en métal aux armes de Monseigneur Pisani de la Gaude, évêque de Vence (1784-1801).
La grande croix reliquaire
En bois sculpté et doré, cette grande croix de 78 cm de haut pour 37 cm de large est creuse et fermée par des lames de verre formant de très nombreuses petites logettes où sont disposées autant de reliques diverses comme une parcelle du roseau du Christ ou encore une épine de la couronne.
Le ciboire dit « de Godeau »
Antoine Godeau (Poète et Homme d'église. Né à Dreux le 24 septembre 1605 et mort le 21 avril 1972 à Vence. L'un des amis de Conrart et cousin de ce dernier à qui il envoyait ses poésies et qui lui fit connaître ses amis. Il fréquenta le salon de Madame de Scudéry et l'hôtel de Rambouillet où sa petite taille lui valut le surnom de "Nain de Julie". Petit et laid, il doit son succès à son esprit inventif et joyeux. Il devient l'un des premiers membres de l'Académie française en 1634. Il fut évêque de Grasse (1636) et de Vence (1638), mais ne pouvant obtenir la réunion des 2 diocèses, il opta pour celui de Vence) a été évêque de Vence de 1638 à 1672. Il visita trois fois la paroisse de Carros, en 1654, 1664, et 1670. C’est lors de sa deuxième visite qu’il a offert à la paroisse ce calice avec un ostensoir et un ciboire. Sous le pied du calice il fit graver ses armes. Il s’agit d’un objet en argent repoussé.
Les oratoires (XVIIIe/XIXe siècles)
- Oratoire de la Clapière
- Oratoire de la Calade
- Oratoire Saint Joseph
- Oratoire de ND de Bonvilar
Quatre oratoires jalonnent le territoire de Carros. Implantés stratégiquement aux carrefours, ils devaient participer au repos « méditatif » des voyageurs et représentent un témoignage de la ferveur religieuse populaire à une époque où le culte était très présent dans la vie quotidienne. Différents les uns des autres, ils méritent le détour : il s’agit d’une occasion de découvrir ou redécouvrir une partie du territoire communal tout en allant à la rencontre d’une facette de la vie des hommes et femmes qui nous ont procédés en ces lieux.